LE POT DE TERRE

DAME PAILLE ET DAME POUTRE

       LE SAGE ET L’IDIOT

 

 

  LE POT DE TERRE

 

 

 

Maintes fois le pot de terre avait vu

Le pot de fer faire obstacle à sa vue.

Maintes fois il s’était heurté 

A la force de son rival d’acier.

 

Courageusement, le pot friable, cependant

Du pot de fer s’approchait vaillamment.
Hardiment, il affrontait le titan,

Etudiant sa texture, sa force, savamment.

 

Le soleil brûlant son argile terrestre

Cuisait peu à peu la texture modeste

Du faible petit pot si facile à briser

Par la force brutale du vilain pot d'acier!

 

Hélas, un jour en mille éclats vola

La terre cuite du pot qui se brisa...

Le fer avait heurté sauvagement,

Le pot friable, plus faible,  assurément!

 

S’esclaffant le fer stupide et arrogant

Ne voyait, hélas les débris du mourant

Pot de terre, refaire par milliers et milliers

Mille pots de terre, nouveaux, entiers.

 

Grandissant, attaquant leur ennemi,

Se brisant, se heurtant contre lui, 

Refaisant par millions à nouveau

Encore des pots, innombrables, infernaux...

 

Du pauvre pot de terre si fragile

Brisé par l’ennemi, sauvage, vil

Les débris éparpillés étaient doués

Du savoir immortel manquant à l’acier!

 

Trébuchant, se heurtant, cognant, grondant,

Le pot de fer, en vain, se battait, maintenant.

A chaque coup voyait surgir sans peine,

Par dizaines, par milliers, par centaines,

 

Des pots, des pots, des pots nouveaux.

Exténué, à bout , sans force,le  bourreau,

Impuissant dans sa force aveugle, brutale,

Exhalait sous la terre son destin final !

 

Tombeau de la mort, la terre recouvrait ,

Linceul juste, l’arrogant, le damné

Celui qui cognait sournois, hautain, 

Les pauvres, les faibles, de son passé dédain!

           

  Ghislaine Bealaieff

 

 

 

 

 

                                                    LE SAGE ET L’IDIOT

 

 

 

Un idiot allait se promenant

Rien autour de lui ne l’ étonnant,

Un sage méditait, se questionnant,

Cherchait le vrai obstinément

 

Ils se rencontrèrent en chemin

Par la force mystérieuse du destin

Le sage révolté avise l’idiot,

Se dit en son for intérieur, quel sot!

 

Alors troublé, chagriné, il médite,

Se demande pourquoi l’idiotie existe.

 

Au détour du chemin elle apparaît,

 

                        L’idiotie 

 

Tu m’appelles, toi , le sage, qui ne sais,

Pourquoi j’existe, qui je suis, d'où je viens,

Eh bien , vraiment, je n’en sais rien...

Regarde-moi, je suis belle, et je plais,

Parce que je vis habilement maquillée

Tout autour de moi scintille

Tout frémit et tout brille,

Et si mes chatoiements sont éphémères,

Qu’importe, puisque j'en suis fière...

Je suis fière de moi et je souris,

Alors de moi tout le monde est épris

Sous ma robe, mon néant est caché,

Peu s’y aventurent, c’est lâcheté...

Plutôt que l’horreur du vide détesté,

Ils préfèrent le rideau de l’idiotie parée

De mille feux, de trucages, de clinquant...

Toi le sage, tu dédaignes mon habillement 

 

 

Tu as vu sous ma robe le néant,

C’est toi le clairvoyant!

Adieu  le sage tu as compris

Mais l’idiot m’attend et de toi il se rit!

Continue ton chemin épineux

Cherche la vérité sans eux

Quant à moi, je les tiens, émerveilles,

Ils me suivront , ravis,  enchantés !

 

             Attends regarde !  

 

L’idiotie, toute de mensonge vêtue,

Se dirige alors vers l’idiot obtus

Un sourire béat illumine son visage

La vue de l’Idiotie, le console du sage

 

                         L’idiot

 

Ouf! Te voilà enfin belle amie,

Viens chez moi et me réjouis!

De tes discours, de tes artifices éclatants, 

Viens illuminer mon noir logement 

 

L’ Idiotie souriante allume ses flambeaux,

Et réjouit de ses mensonges le sot,

L’idiot est médusé, il est aux nues,

Ses yeux enchantés  n’y voient plus 

 

L’idiotie monstrueuse l’attirant,

Tout doucement le happant,

Il prend sa besace et la suit,

Et le vampire le dévore dans sa nuit!

 

L’idiot a succombé, l’idiotie l’a dévoré

Le sage clairvoyant, son chemin a continué

 

Ghislaine Belaieff