L’APPRENTI SORCIER
Il a peur de mourir. Très peur.
Il lui faut trouver avant son heure.
Son âme fendue, terrifiée,
Vers la quête du mystère l’a poussé.
Il ne montre rien de son anxiété.
Personne dans le fond ne l’a deviné.
Seule son âme apeurée tressaille.
A l’extérieur, il est froid, il est sans faille!
Mais il a peur de son inexorable mort.
La hantise le mène, lui le dur, lui le fort,
Sur le sentier de la terreur suprême.
Sur le chemin hideux de la mort blême.
Alors il joue à l’apprenti sorcier
Il ne reculera qu’une fois enterré.
Durant sa vie il cherchera fébrilement
Le code de la vie inutilement.
Il ne recule devant rien.
Pour percer les mystères du destin.
Il ne craint ni Dieu
Ni les anges, ni les cieux.
Il n’a qu’une seule hantise , mourir.
L’effroyable néant le fait tressaillir.
Il n’a qu’un espoir, conquérir la vie.
Il lui faut découvrir son code à tout prix.
Il l’a scrutée depuis le début des temps
De plus en plus rigoureusement, cruellement.
Il l’a traquée vainement jusqu’à ce jour,
Enterrant des millions de victimes tour à tour.
Il l’a narguée pour la première fois
En tuant
Mais il n’a rien trouvé toutefois
Dans le sang
Alors il en a suspendu le cours
Sur ses victimes tour à tour
Il a scruté désespérément les mourants
Sous des expériences cruelles de déments.
Il n’a toujours rien trouvé,
L’apprenti sorcier.
Mais il cherche encore et encore
Il traque la vie et donne la mort.
Mais la vie ne lui livre pas son secret,
Le mort, le cobaye, le martyr innocent,
S’éloignent de lui sans lui avouer cependant,
Le mystère absolu, l'insondable Vérité.
La Vie garde jalousement son secret...
Mais la mort a trouvé l’apprenti sorcier!
Et lorsqu’il a expiré, sa main lui a tendu,
Dans son palais obscur, lui a donné son dû.
L’apprenti sorcier a sursauté
Il a connu alors la Vérité,
La Vie tant espérée , tant cherchée
Était avec Dieu, avec ses victimes,
De l’autre côté!
© Ghislaine Belaieff