LE SAGE ET L’IDIOT
Un idiot allait se promenant
Rien autour de lui ne l’ étonnant,
Un sage méditait, se questionnant,
Cherchait le vrai obstinément
Ils se rencontrèrent en chemin
Par la force mystérieuse du destin
Le sage révolté avise l’idiot,
Se dit en son for intérieur, quel sot!
Alors troublé, chagriné, il médite,
Se demande pourquoi l’idiotie existe.
Au détour du chemin elle apparaît,
L’idiotie
Tu m’appelles, toi , le sage, qui ne sais,
Pourquoi j’existe, qui je suis, d'où je viens,
Eh bien , vraiment, je n’en sais rien...
Regarde-moi, je suis belle, et je plais,
Parce que je vis habilement maquillée
Tout autour de moi scintille
Tout frémit et tout brille,
Et si mes chatoiements sont éphémères,
Qu’importe, puisque j'en suis fière...
Je suis fière de moi et je souris,
Alors de moi tout le monde est épris
Sous ma robe, mon néant est caché,
Peu s’y aventurent, c’est lâcheté...
Plutôt que l’horreur du vide détesté,
Ils préfèrent le rideau de l’idiotie parée
De mille feux, de trucages, de clinquant...
Toi le sage, tu dédaignes mon habillement
Tu as vu sous ma robe le néant,
C’est toi le clairvoyant!
Adieu le sage tu as compris
Mais l’idiot m’attend et de toi il se rit!
Continue ton chemin épineux
Cherche la vérité sans eux
Quant à moi, je les tiens, émerveilles,
Ils me suivront , ravis, enchantés !
Attends regarde !
L’idiotie, toute de mensonge vêtue,
Se dirige alors vers l’idiot obtus
Un sourire béat illumine son visage
La vue de l’Idiotie, le console du sage
L’idiot
Ouf! Te voilà enfin belle amie,
Viens chez moi et me réjouis!
De tes discours, de tes artifices éclatants,
Viens illuminer mon noir logement
L’ Idiotie souriante allume ses flambeaux,
Et réjouit de ses mensonges le sot,
L’idiot est médusé, il est aux nues,
Ses yeux enchantés n’y voient plus
L’idiotie monstrueuse l’attirant,
Tout doucement le happant,
Il prend sa besace et la suit,
Et le vampire le dévore dans sa nuit!
L’idiot a succombé, l’idiotie l’a dévoré
Le sage clairvoyant, son chemin a continué
© Ghislaine Belaieff