LE POT DE TERRE
Maintes fois le pot de terre avait vu
Le pot de fer faire obstacle à sa vue.
Maintes fois il s’était heurté
A la force de son rival d’acier.
Courageusement, le pot friable, cependant
Du pot de fer s’approchait vaillamment.
Hardiment, il affrontait le titan,
Etudiant sa texture, sa force, savamment.
Le soleil brûlant son argile terrestre
Cuisait peu à peu la texture modeste
Du faible petit pot si facile à briser
Par la force brutale du vilain pot d'acier!
Hélas, un jour en mille éclats vola
La terre cuite du pot qui se brisa...
Le fer avait heurté sauvagement,
Le pot friable, plus faible, assurément!
S’esclaffant le fer stupide et arrogant
Ne voyait, hélas les débris du mourant
Pot de terre, refaire par milliers et milliers
Mille pots de terre, nouveaux, entiers.
Grandissant, attaquant leur ennemi,
Se brisant, se heurtant contre lui,
Refaisant par millions à nouveau
Encore des pots, innombrables, infernaux...
Du pauvre pot de terre si fragile
Brisé par l’ennemi, sauvage, vil
Les débris éparpillés étaient doués
Du savoir immortel manquant à l’acier!
Trébuchant, se heurtant, cognant, grondant,
Le pot de fer, en vain, se battait, maintenant.
A chaque coup voyait surgir sans peine,
Par dizaines, par milliers, par centaines,
Des pots, des pots, des pots nouveaux.
Exténué, à bout , sans force,le bourreau,
Impuissant dans sa force aveugle, brutale,
Exhalait sous la terre son destin final !
Tombeau de la mort, la terre recouvrait ,
Linceul juste, l’arrogant, le damné
Celui qui cognait sournois, hautain,
Les pauvres, les faibles, de son passé dédain!
© Ghislaine Belaieff