UNE CHANDELLE DANS LA NUIT
Lorsque la solitude te permet de méditer,
Tu aperçois un peu la divine pureté,
Tu prends de l’altitude,
Tu romps les damnées servitudes.
Lorsque le malheur te fait désespérer,
Si tu verses des larmes dans l’obscurité,
Demain ou bientôt tu trouveras la clarté,
Quelqu’un saura que tu as pleuré!
Ce ne sont pas les rieurs indifférents,
Ce ne sont pas les sauvages sans coeur,
C’est un oeil divin qui secrètement
Voit tes pleurs, voit ton malheur.
Personne ne sauvera jamais une âme,
Personne n’a vaincu les flammes,
Seul l’Esprit peut te délivrer,
Seul le divin dans ta nuit peut te parler.
Lorsque tu médites profondément
Lorsque tu songes, abattu, au néant,
Lorsque tu crois que tout est perdu,
Tu marches peut-être vers l’Absolu...
Mais lorsque tu te crois tout-puissant,
Lorsque tu cueilles la vie avidement,
Prends garde aux mirages ensorcelants,
Par le plaisir, Satan, attend...
Mais si dans la solitude profonde,
Tu déracines les faussetés du monde,
Dieu par le chemin abrupt de vérité,
Te donnera âme sincère, la liberté!
Lorsque la vue du monde pervers,
Les horreurs qui règnent sur terre,
Te font frissonner, te font douter,
Tu dois boire ce calice amer, redouté.
Car si tu as bu la coupe acide,
Si tu as affronté, hardi, le vide,
Si tu ne l’as pas peuplé de perversités,
La lumière l’éclaire de vérité en vérité.
N’emplis pas ton âme d’euphories,
Ne peuple pas le désert aride de furies,
Traverse l’étendue poignante de la vie,
Sans peur, sans crainte, en suivant l’Esprit!
Alors, lorsque tu auras prié dans la solitude,
Tu auras atteint, sans savoir, l’altitude.
Alors tu sauras que tu as traversé le désert,
Tu sauras que tu as vaincu, courageux, la terre.
Dans l’obscurité, Dieu te voit,
Allumant une chandelle pour toi.
Éteins toutes les fausses lumières humaines,
Marche vers l'éternel domaine
Ghislaine Belaieff